Le concept comme matériau artistique
À partir de l’étude de citations littéraires utilisant le mot gouffre, j’ai progressivement modélisé et cartographié les principales régions qui composent cette notion.
Sur la Carte du Gouffre on explore ainsi 6 îles principales, chacune appelée Champ abyssal, et portant un prénom féminin.
Chaque Champ abyssal comprend 4 régions-concepts, répertoriées par les deux premières lettres du nom de l’île, et numérotées de 1 à 4.
La carte comprend également 3 îles énigmatiques (îles cimetières abritant l’Anthologie de l’âme, le Tombeau de Jupiter, et la Crypte des espèces), ainsi qu’un point de convergence qui est la Voragine, bouche principale des cratères sommitaux de l’Etna.
Je pose que si l’on parvient à se familiariser avec cette carte, c’est-à-dire à bien connaître les tenants et les aboutissants de chaque région, on peut entrevoir de diriger certaine peur vers cette contrée de la conscience qu’on pourrait nommer harmonia, au sens donné à ce mot par Kepler (un phénomène de concordance agissant sur l’âme humaine).
Actuellement, la guerre et la dévastation apportées en Ukraine illustrent de manière funeste les concepts de l’île Ophelia – Champ abyssal 5.
Projet en cours :
Double dodécasérie, soit 24 tableaux, 100 x 100 cm, exprimant les régions-concepts.
” Être un reste, ceci échappe à la langue humaine. Ne plus exister, et persister, être dans le gouffre et en dehors, reparaître au-dessus de la mort, comme insubmersible, il y a une certaine quantité d’impossible mêlée à de telles réalités. De là l’indicible.
Victor Hugo, l’Homme qui rit
” Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel qu’importe ? Au fond de l’inconnu pour y trouver du nouveau !
Charles Baudelaire, les Fleurs du mal
” Mais la notion d’ascension ou de descente était fausse : des astres brillaient en bas comme en haut, il n’était pas plus au fond du gouffre qu’il n’était au centre. L’abîme était à la fois par-delà la sphère céleste et était à l’intérieur de la voûte osseuse.
Marguerite Yourcenar, l’Œuvre au noir